Nicolas Mettra, Galerie Songe d’Icare

Céline Normant

 

Céline Normant est une jeune peintre fraîche sortie des écoles – et des plus classiques- mais munie déjà d’ un « parcours », avec de l’originalité à revendre. Laissons-la s’exprimer pour dépeindre ses rêves étranges qu’on dirait sortis de nulle part:

« Je peins des figures que j’associe à d’autres afin de donner forme à mes pensées et mes émotions. 

Nous avons en commun des archaïsmes – frustrations, voluptés, colères, érotisme. L’époque, la culture, l’héritage éduquent, enrichissent mais étouffent aussi cette nature animale.

 C’est elle que je cherche à retrouver, sans faux idéaux, par une peinture intimiste.

 La peinture cristallise. Elle permet d’arrêter le temps et le défilé des pensées pour les fixer en images chargées de sens »  .

 

Et maintenant que nous l’avons écoutée, regardons ses toiles.

 

Céline, qui a pourtant fait le choix de la réalité, d’une réalité passée à la toise de sa propre vision, de ses propres fantasmes, peint des « scènes » à forte intensité dramatique. On y décèle, chez tous ses personnages, un  tempérament indomptable, une inépuisable « colère rentrée »,  Ce sont souvent des couples, bizarres parfois ou improbables. Il y a aussi, adossé à cette atmosphère de conflit, le désir, très présent, sous ses formes paroxysmiques, ou invasif comme un parfum, et partout, dans le moindre geste, un érotisme diffus.  Mais on trouve aussi des solitudes, des êtres de défi, comme cette femme qui vous lance son sac à main à la figure..mais que lui avez-vous donc fait?

 

On voit pourtant dans ces moments de désastre, parfois s’insinuer, comme en parenthèse entre deux épisodes dramatiques, l’image d’une nature prodigue et sensuelle qui nous parle de tout autre chose. D’un univers réconcilié, édénique. Comme cette pure merveille de la femme se baignant (tableau pour lequel j’avoue une faiblesse toute spéciale), dans un marigot tropical où se déploient, enfin rendues visibles et palpables, les « étranges fleurs nées sous d’autre cieux» chères à Baudelaire (et à tant d’autres…).

 

On reste longtemps comme fasciné devant chacune de ses toiles, sous le charme, envahi de la même impression /contemplation  que celle que vous laisse une toile de Balthus par exemple. Car Céline ne fait pas mystère de ses influences, elle les proclame même, avec cet air de défi de ses personnage, et l’insolence de sa jeunesse. Balthus donc, Bacon, certes, comme dans la curieuse toile intitulée « mes genoux », mais d’autres aussi. C’est un jeu facile que de les dénombrer, sans s’y abimer, car tout de suite les différences aussi se bousculent.

 

Mais tout ceci ne serait rien, si au centre de chaque tableau, ne se trouvait l’exigence du peintre, la propre logique inhérente au tableau. L’équilibre des masses, la chaude intimité ou la criante opposition créée par les couleurs, les vides, les creux, les rythmes, tout ce qui, aujourd’hui comme toujours depuis que la peinture fut, fait d’un tableau un univers de nécessité.

 

Laissez-vous pénétrer par l’univers de Céline Normant. Vous ne le regretterez pas. Ah, une petite remarque que je vous glisse au coin de l’oreille : vous avez là l’étoffe d’un grand…On pressent les évolutions futures de cet artiste curieuse, forte. On est « en attente »…Je vous le dis, en vérité, ces promesses-là seront tenues

 

Nicolas Mettra

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